Ronnie : des hauts et des bas.

20/06/2016

Ronnie : des hauts et des bas.

Ronnie vit sa carrière comme une montagne russe, alternant des hauts impressionnants et des bas trop marqués pour ses fans. Ses réussites offrent un immense plaisir au public, qui admire son talent exceptionnel et sa créativité unique à la table.

Mais ses échecs, parfois brutaux, déçoivent et surprennent, car ils contrastent fortement avec l’image du génie qu’il incarne. La question demeure : Ronnie peut-il représenter un modèle pour les joueurs de snooker, malgré son caractère imprévisible et ses contradictions ?

Ronnie 2013.

En 2013, Ronnie remporte le Championnat du Monde face à Barry Hawkins, 18-12 en finale, mais surprend rapidement. Il évite ensuite ses jeunes supporters, qui l’attendaient pour des autographes, laissant les enfants se demander : « Où est Ronnie ? ». En réalité, il se cache en salle de presse, où il explique ne pas vouloir participer à ce tournoi.

Ronnie affirme qu’il joue seulement par obligation contractuelle et pour l’argent nécessaire aux études de ses enfants. Épuisé après son second tour, il quitte finalement l’arène par une porte dérobée, fuyant la foule et ses admirateurs.

« Je suis un génie », twitta Ronnie après cette victoire aux Championnats du Monde de snooker. « Je suis un docteur ! » Cette déclaration rappelle un footballeur célèbre, arrivé en roi et parti en légende, marqué par son immense charisme.

Par la suite, Ronnie multiplia les sorties grandioses, affirmant que le snooker manquait de piquant et de personnalité. Il cita Tiger Woods et Cantona comme modèles, deux génies sportifs au comportement pourtant loin d’être exemplaire.

« Le snooker a besoin de stars comme moi », déclara-t-il après son cinquième titre mondial, sans modestie. « Chaque sport a besoin d’une étoile. Sans elle, il perd de l’intérêt et de son attrait naturel. » « Le snooker sans Ronnie, c’est comme une pizza sans sauce piquante », ajouta-t-il, fidèle à ses formules choc.

Il estima ensuite que des joueurs « normaux », comme Hawkins en finale, ne pouvaient entretenir la même passion. « Certains essaient de m’imiter, mais ce n’est pas naturel. Je suis limite parfois, mais je reste authentique. »

Selon lui, les fans veulent surtout le voir jouer, peu importe le résultat, ce qui nourrit sa motivation. Ces propos déclenchèrent l’exaspération des observateurs, dont Steve Davis, six fois champion du monde, qui le jugea irrespectueux.

Ronnie depuis 2013.

Sur les trois dernières saisons, Ronnie a montré son meilleur… et son pire, dans son jeu comme dans son comportement. Après son titre, Ronnie décide de ne plus revenir au Crucible, affirmant que le snooker n’est pour lui qu’un jeu.

Il revient cependant l’année suivante et perd en finale face à Mark Selby, malgré un excellent parcours. Il remporte les UK Championship et le Welsh Open en 2014, ainsi que les Masters en 2014 et 2016. Lors de la finale des Masters 2016, il bat Barry Hawkins 10-1, égalant le record de Stephen Hendry. En 2015, il égale le nombre de centuries détenu par Hendry (776) lors des Championnats du Monde.

Il est éliminé au second tour par Stuart Bingham, futur vainqueur du tournoi cette année-là. Lors des « Snooker Legends », ses victoires sont spectaculaires, ponctuées de breaks maximum comme s’il en pleuvait. Il détient le record du nombre de 147 breaks en compétition : 13 contre 11 pour Hendry.

Ronnie reçoit le titre de OBE pour ses services rendus au sport, reconnaissance officielle de ses exploits. Malheureusement, sa liste de comportements limites reste longue et attire régulièrement des critiques du public et des professionnels.

Ronnie a placé sa queue de billard entre ses jambes de manière provocante en demi-finale, recevant un avertissement. Il a déclaré forfait face à S. Hendry après quatre manches, énervé d’avoir raté une bille rouge facile.

Les organisateurs l’ont sanctionné : amende de 20 000£ et retrait de 900 points au classement mondial. Il a refusé la conférence de presse après sa victoire 6-1 contre Alister Carter, comportement répété au Crucible cette année. Après sa défaite contre Marco Fu, Ronnie a fait des remarques obscènes lors de la conférence, insultant un journaliste et simulant un acte sexuel.

Les sanctions ont été sévères : retrait de 700 points de classement, perte de 2 750£ et amende de 1 000£. En janvier 2014, il a reçu plusieurs amendes pour des tweets accusant de matches truqués et insinuant l’usage de drogues. Il a insulté l’arbitre Jan Verhaas et justifié ses gestes par un malaise et la chaleur du lieu.

Lors des Championnats du Monde 2015, Ronnie a joué en chaussettes contre Craig Steadman, feignant un inconfort dans ses chaussures. Il a expliqué ce comportement par une fracture de la cheville subie l’année précédente et a emprunté des chaussures au directeur du tournoi. Contre Stuart Bingham, il a critiqué l’arbitrage, affirmant que le déplacement de l’arbitre cassait son rythme de jeu.


Après plusieurs comportements jugés très limites il en est arrivé à claquer sa queue de billard sur le snooker lors de son match au second tour contre Matthew Stevens.

Lors de ce fameux match contre Bingham il s’est même permis de poser la craie sur le snooker, ce qui est formellement interdit (la craie peut aider le joueur à mesurer l’alignement des billes et avoir une meilleure visibilité de la position de celles-ci). Il a évidemment tenté de se justifier en disant que c’était moins grave que s’il l’avait fait pendant que les billes étaient en mouvement). Et comme ça ne suffisait pas, il s’en est pris à l’arbitre qui, d’après lui ne connaitrait pas ou mal, les règles.

Que dire enfin de Ronnie ne souhaitant pas terminer un 147 (il restait seulement la noire à rentrer !) car la dotation était trop faible (10 000 £) : où est le respect du jeu, de l’adversaire, mais surtout du public qui a payé très cher sa place ?

Est-ce le début de la fin de ce joueur de génie ?

Sept fois Champion du Monde, Stephen Hendry estime, à juste titre, que le snooker serait plus triste sans la présence de Ronnie O’Sullivan. Stephen tente d’expliquer que ce comportement de Ronnie est surtout dû à un manque de concentration.

Le problème pour lui est qu’il semble avoir des difficultés à se concentrer sur la durée. Ronnie en est conscient à un point tel qu’il se bat depuis plusieurs années pour que la durée des Championnats du Monde soit raccourcie à une semaine : On a effectivement vu à diverses reprises que sur une semaine Ronnie est presque imbattable, ses résultats le confirment encore cette année.

Il a également, lors de ces Championnats du Monde, une énorme pression : personnelle d’abord, car il donnerait tous ses titres et ses victoires pour égaler le seul record qui compte : les 7 titres de Champion du Monde de Hendry. Au niveau de ses fans ensuite car son capital sympathie est tel qu’il est difficile de concevoir que Ronnie puisse perdre, ce qui lui met une pression énorme, presque insupportable.

Il se plaint également du nombre de tournois trop élevés dans le circuit officiel : Il faut noter que Ronnie est devenu Champion du Monde en 2013, après une année pendant laquelle il n’avait participé qu’à de rares compétitions, conservant toute son énergie pour ce moment crucial.

Mais on ne peut pas changer les règles : le mondial se joue avec 32 joueurs sur deux tables et ne peut durer moins de 15 jours. Ce problème de constance de Ronnie est très visible en regardant seulement les titres de Champions du Monde : Stephen Hendry a gagné 5 de ses 7 titres lors de 5 années consécutives, quand Ronnie n’a jamais pu enchaîner plus de deux titres consécutifs : CQFD.

Pour conclure.

N’est-ce pas une caractéristique des génies que d’avoir en eux un grain de folie ? Ronnie est certainement génial, le joueur le plus rapide de tous les temps (147 en 5 minutes 20 secondes !), avec un excellent sens du replacement de la bille, le seul joueur au monde à être réellement ambidextre et capable, alors qu’il est droitier, de faire un century de la main gauche, détenant ou partageant avec S. Hendry nombre de titres ou de records. Mais quid de l’individu, du comportement non pas de l’homme en dehors du billard (qui ne regarde que lui) mais de son comportement devant la table ?

Oui Ronnie, chaque sport a besoin de génie, c’est incontestable. Mais il convient aussi que ce génie soit admirable, au sens étymologique du terme (qui puisse être admiré), et pas seulement un individu qui, parce qu’il a un don exceptionnel, peut se permettre de faire tout et n’importe quoi : le respect est à ce prix.

Dans la catégorie des joueurs « admirables » le snooker en compte deux incontestables : Steve Davis et Stephen Hendry. Admirables car détenteur respectivement de 6 et 7 titres mondiaux. Admirables car le premier a ouvert une ère nouvelle au snooker dans les années 80, le second parce qu’il a dominé de la tête et des épaules tous ses adversaires dans les années 90. Ce sont des exemples dans lesquels tout joueur peut se reconnaître et suivre le chemin : peut-on, en décortiquant ces deux longues carrières, trouver un seul écart du type de ceux auxquels nous a habitué ?

La liste de ses frasques est longue et le but n’est pas ici d’en faire une liste exhaustive. Ronnie est Mc Enroe ou Cantona. Hendry et Davis sont Fédérer. Choisis ton idole !

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