Lambert, cuvée 2017

Pour Christophe Lambert, les années se suivent et se ressemblent toujours. On dit que l’histoire ne repasse jamais les plats, pourtant elle insiste. En février 2016, il participe aux Championnats du Monde I.P.A. de Pool Anglais à Bradford. Après un départ fulgurant, il entrevoit le titre mondial en double avec son partenaire.

Les Anglais Gareth Hibbot et Dean Shields le privent du titre sur la bille noire décisive. Une semaine plus tard, il échoue en finale du 10ème Open d’Arles, étape du Championnat de France. Il s’incline face à Yannick Beaufils, manquant encore une occasion de remporter un trophée majeur.

En janvier 2017, Christophe Lambert fait partie des 64 joueurs sélectionnés pour les World Chinese 8-Ball Masters en Chine. Le tournoi se joue à Qinhuangdao, sur des tables 9 ft avec tapis rapide et billes américaines de 57 mm. Ce format, plus agressif, connaît un succès fulgurant en Chine, attirant des millions de fans et de nombreux clubs.

Xinhua Qiao Bing, président du Joy Billiards Group, croit fermement à la conquête mondiale du Chinese 8-Ball. Il engage Stephen Hendry comme ambassadeur, comparant ce jeu aux dames tandis que le snooker ressemble aux échecs. En cinq ans, les tournois cumulent 250 millions de vues télévisées et 400 millions en ligne à travers le monde. En 2016, 11 pays organisent des compétitions, dont le Mexique, le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis.

L’édition 2017 offre 140 000 dollars et rassemble 64 joueurs venus de 26 pays différents. Avec 200 000 clubs et 60 millions de fans, la Chine devient l’épicentre de ce nouveau billard. Qiao veut internationaliser le jeu, augmenter les prix, médiatiser et viser les Jeux olympiques dans les cinq prochaines années.

Deux joueurs dominent : Gareth Potts, quadruple champion du monde, et Yang Fan, vainqueur des deux éditions précédentes. En finale 2017, Potts s’impose encore, battant Zhang Kun-Peng lors d’une mort subite spectaculaire. Christophe Lambert passe le premier tour avant de chuter contre le Chinois Chen Qiang, 13-11.

Mené 11-7, Lambert revient à 12-11, montrant un esprit combatif et une belle résistance. Il commet une erreur rare : empocher la blanche, offrant une table facile à son adversaire. Sans cette faute, il aurait pu égaliser et envisager la victoire dans le temps restant. Lambert relativise, expliquant son faible entraînement d’un mois sur mini snooker avant la compétition.

Sa performance reste historique : aucun Français n’avait atteint un tel niveau dans cette discipline exigeante. Le débat reste ouvert : Christophe restera-t-il fidèle au 8-Pool anglais ou cédera-t-il aux sirènes du Chinese 8-Ball ?

Christophe Lambert rentre en France le 16 janvier, épuisé par le long voyage et le décalage horaire chinois. Dès le 17, il participe à un reportage chez Toulet, dans le Nord, avant de repartir immédiatement. Le 18, il prend l’avion direction Albi, retrouvant son billard de prédilection pour préparer le Master local.

La compétition débute le 20 janvier avec les 32 meilleurs joueurs français de BlackBall réunis. Le décalage horaire, l’intensité vécue en Chine et la fatigue pèsent lourdement sur ses performances. Il doit aussi réapprendre les automatismes du Pool Anglais après un mois consacré au Chinese 8-Ball.

Comme l’an passé, les mêmes causes produisent les mêmes effets pour Christophe Lambert. Il s’incline en huitième de finale, battu 7-4 par Sébastien Ramier, pourtant à sa portée habituelle. Ramier perd ensuite contre Christophe Thebault, battu en demi-finale par Yannick Beaufils.

Beaufils remporte la finale contre l’inattendu Christophe Faurie, confirmant sa domination nationale. Ironie du sort : l’an passé à Arles, Beaufils avait déjà battu Lambert en finale, 7-4. On dit que l’histoire ne repasse jamais les plats, mais elle insiste souvent avec malice.

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