Fabrication d’une queue de billard

La fabrication d’une queue de billard exige un véritable savoir-faire. Chaque queue demande plusieurs heures de travail selon son niveau de finition. Sans dévoiler tous les secrets, voici quelques éléments pour comprendre les principales étapes de fabrication.

Nous distinguons la fabrication machine de la fabrication artisanale. Ces explications concernent principalement les queues de billard pool et snooker.

La queue de billard se compose de pièces de bois assemblées au niveau du fût. La flèche, généralement en frêne, reçoit une découpe mâle. Le fût, fabriqué en bois noble comme palissandre, ébène ou bois de rose, reçoit une découpe femelle.

Les fabricants décorent souvent le fût avec des flammes. Le bois destiné au fût se présente d’abord sous forme carrée de trois centimètres de côté. La pièce de frêne servant à la flèche est d’abord tournée pour obtenir une forme arrondie proche du produit fini. Une machine spéciale découpe ensuite le fût et creuse la partie centrale pour conserver quatre branches.

La flèche est évidée extérieurement afin de garder une croix centrale. Les deux parties sont complémentaires grâce aux découpes mâle et femelle.

Les artisans passent ensuite la flèche sur un tour à bois pour la dégrossir et l’arrondir. Ils assemblent ensuite les deux parties puis les collent. Un assemblage parfait donne l’impression d’un seul morceau de bois. Un assemblage imparfait dégrade fortement la qualité de jeu.

Pour ajouter une flamme, l’artisan coupe le fût en diagonale. Il colle ensuite un fin morceau de bois coloré. Pour obtenir plusieurs flammes, il superpose plusieurs épaisseurs de bois coloré.

Il repositionne ensuite le morceau de fût découpé. L’artisan colle le tout puis place l’ensemble sous presse. Il supprime manuellement l’excédent de bois afin d’arrondir le fût.

Lorsque l’ensemble est sec, l’artisan tourne la queue à 90°. On répète l’opération sur les deux côtés restants. Il découpe les côtés opposés symétriquement puis ajoute deux pièces de bois identiques ou différentes.

Il colle ensuite l’ensemble et le met sous presse après le scrapping. Si la queue doit recevoir des flammes, l’artisan répète exactement la même opération diagonale. Il découpe, positionne les ajouts, replace le morceau, colle et met sous presse.

Il réalise ensuite toute la finition manuellement. Cette étape exige une expertise absolue.

A gauche deux morceaux de palissandre destinés à confectionner le fût de la queue.

On voit clairement au milieu le morceau de frêne (ce qui sera la flêche n’a pas été arrondie, elle est restée dans sa forme carrée originale) sur lequel on vient coller les deux morceaux de palissandre.

L’ensemble est découpé de nouveau (photo de droite) pour venir coller deux autres morceaux de palissandre : la partie frêne est comme prise en sandwich.

On voit alors clairement ici que la queue de billard est réalisée en un seul morceau, ce qui lui donnera une meilleure réponse.

A la recherche de la perfection !

L’assemblage par collage de plusieurs bois d’essences différentes nécessite une adaptation parfaite : quelque soit la qualité de la découpe réalisée par la machine, il est nécessaire de contrôler l’ajustement : c’est la phase de scrapping.

Cette étape est manuelle et nécessite un savoir faire et un coup d’oeil d’expert. Les deux parties de bois composant la flèche (ici frêne et palissandre) doivent s’adapter parfaitement l’une à l’autre : le plus petit défaut aussi minime soit il devra être détecté et rectifié à l’aide d’une sorte de grattoir : travail artisanal de très haute précision.

Ici Steeve de chez Cue Craft à l’oeuvre.

Moment important de la fabrication d’une queue de billard, car ici tout doit être contrôlé au dizième de millimètre : la queue doit être parfaitement ronde, la diminution du diamêtre du fût vers la flèche doit être régulière, la queue doit être parfaitement rectiligne, l’assemblage entre les deux parties fût-flèche ne doit présenter aucune aspérité : un vrai travail d’orfèvre.

Ici la machine utilisée par Cue Craft : secret de fabrication oblige, elle a été dessinée et créée spécialement pour cette société.

Les flammes sont réalisées avec des bois très colorés, qui peuvent être soit des bois peints, pour les queues premiers prix, soit des bois exotiques, donnant quelquefois une valeur très importante à la queue due à la rareté des essences utilisées : bois de tuya, snakewood, ou encore bois de tulipe.

Ces flammes peuvent être très discrètes, lorsqu’elles sont en bois peints, mais peuvent aussi occuper une place importante sur le fût afin de mieux mettre en valeur cet élément de décoration. (cf photo ci dessous)

Il est très facile de reconnaître une queue fabriquée à la machine d’une queue ayant été faite à la main. Il suffit de regarder la jonction des deux bois (Supposons que nous ayons un fût en ébène) :

Si les pointes d’ébène sont très pointues et la base de la découpe du frêne en contact avec le fût fait 1 à 2 mm, alors la queue est fabriquée à la machine.

Si les pointes d’ébène sont arrondies et la fin de zone de contact du frêne est pointue, alors la queue a été montée à la main. (Photo du bas).

La quantité de travail nécessaire pour ces deux types de queues varie du simple au double voire au triple : ce qui explique que les prix des queues varient souvent dans la même proportion !